Un vétéran des services secrets à la tête du Mossad

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tamirpardo.jpgArticle paru dans "Le Figaro"

Après avoir beaucoup hésité, Nétanyahou a nommé Tamir Pardo à la tête du service de renseignements israélien. De notre correspondant à Jérusalem. Tamir Pardo, mardi à Tel-Aviv. Âgé de 57 ans, il a rejoint le Mossad en 1980. Crédits photo : NIR ELIAS/REUTERS

Depuis plusieurs mois, les journaux ne l'identifiaient que par une initiale, T. Ses voisins de la petite commune résidentielle de Nirit ne le connaissaient que comme un paisible homme d'affaires. Ils ont soudain découvert que Tamir Pardo était depuis trente ans un agent du Mossad, et qu'il venait d'être désigné par Nétanyahou comme le prochain chef des services de renseignements israéliens. À la différence de son prédécesseur Meir Dagan, un ancien militaire propulsé à la tête du Mossad par Ariel Sharon, Pardo est un pur produit de l'«Institut». Aujourd'hui âgé de 57 ans, père de deux enfants, Pardo rejoint le Mossad en 1980, après avoir appartenu au Sayeret Metkal, le commando de l'état-major. Il a notamment servi sous les ordres de Jonathan Nétanyahou, le frère de l'actuel premier ministre, tué pendant l'opération de libération des otages d'Entebbe, en Ouganda en 1976. Il y a aussi côtoyé Benyamin Nétanyahou.

Concert de louanges

Pardo commence sa carrière au Mossad dans la branche Neviot, chargée des écoutes et des interceptions électroniques, avant d'en devenir le chef. Après le fiasco de la tentative d'assassinat de Khaled Meshaal en 1997, qui voit la capture des agents du Mossad en Jordanie, et Nétanyahou, premier ministre à l'époque, obligé de livrer l'antidote qui sauve le futur chef du Hamas, Pardo est placé à la tête de la branche opérations. Il poursuit son ascension jusqu'à devenir en 2002 l'adjoint du nouveau chef du Mossad, Meir Dagan, avant d'être détaché à l'état-major de l'armée, où il noue des contacts au plus haut niveau de la hiérarchie militaire. Mais ses espoirs de devenir le numéro un sont régulièrement déçus. Les gouvernements successifs n'auront de cesse de reconduire Dagan, le chef du Mossad resté le plus longtemps en fonction.

Découragé, Pardo finit par démissionner en 2009. «S'ils veulent me parler, ils n'ont qu'à m'appeler», aurait-il dit en quittant le Mossad. Son téléphone a cette semaine fini par sonner, après des mois de tergiversations de la part de Nétanyahou. Mais l'ombre de Meir Dagan, considéré en Israël comme l'un des meilleurs chefs du Mossad, accompagnera Pardo quelque temps encore. Depuis l'attentat qui tue en 2008 à Damas Imad Moughniyeh, le chef de la branche armée du Hezbollah, jusqu'aux mystérieux déboires du programme nucléaire iranien, victime de virus informatiques, de morts suspectes de scientifiques, sans oublier le raid contre le réacteur nucléaire syrien en 2007, Dagan s'est vu attribuer, à tort ou à raison, de nombreux succès dans la guerre de l'ombre que livrent les Israéliens contre leurs ennemis au Moyen-Orient. Nommé par Sharon pour rendre confiance en soi à une agence qui avait connu au cours des années 1990 un certain passage à vide, il a largement rempli son contrat. Peut-être même un peu trop bien. L'assassinat en mars dernier de l'agent du Hamas Mahmoud al-Mabhouh dans un hôtel de Dubaï, opération dévoilée au monde entier par les caméras de surveillance de l'émirat, a montré que le sentiment d'impunité pouvait vite déboucher sur de l'imprudence.

Décrit par les spécialistes israéliens du renseignement comme doté d'une excellente expérience opérationnelle, mais aussi d'un caractère calme et réfléchi, Pardo a vu sa nomination accueillie par un concert de louanges de la part de ses anciens supérieurs et collègues.

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