«Les opérations israéliennes ne sont pas un obstacle aux négociations»

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   «Les opérations israéliennes ne sont pas un obstacle aux négociations»

Article paru dans "Libération",le 26/12/07

Mark Heller, de l’Institut pour les études de sécurité nationale à Tel-Aviv.  

Malgré la reprise du processus diplomatique initié à Annapolis, Israël poursuit des plans d’implantation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie ainsi que ses opérations militaires dans la bande de Gaza. Spécialiste des questions stratégiques, Mark Heller, directeur de recherche à l’Institut pour les études de sécurité nationale, dépendant de l’Université de Tel-Aviv, analyse la nouvelle donne.
    
Comment expliquez-vous cette contradiction dans la politique israélienne ?

Il faut essayer de ne pas tout mélanger. L’annonce de logements supplémentaires à Har Homa [un quartier juif de Jérusalem-Est, ndlr] et à Maale Adoumim [plus importante colonie israélienne de Cisjordanie faisant partie des «blocs» qu’Israël entend conserver en cas d’accord avec les Palestiniens] n’est pas le résultat d’une nouvelle initiative. Même si ces constructions sont controversées et que les Palestiniens et les Américains les désapprouvent, il ne s’agit pas de la création de nouvelles colonies. La construction de ces logements a été décidée bien avant la conférence d’Annapolis, elle n’implique pas de confiscation de terres et ne contrevient pas aux engagements israéliens pris lors de la conférence. Dans cette mesure, elle ne constitue pas un obstacle sérieux à la poursuite des négociations. Quant aux opérations israéliennes à Gaza, elles ont pour but de stopper les tirs de roquettes quotidiens sur les villes israéliennes. Elles ne sont absolument pas contradictoires avec la reprise des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Aucun pays ne peut accepter de se faire attaquer en restant les bras croisés. Le Hamas, de toute façon, ne fait pas partie du processus diplomatique, qu’il rejette.

Il s’agit donc, selon la formule de l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, «de combattre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de négociations, et de négocier comme s’il n’y avait pas de terrorisme» ?

La division du travail est aujourd’hui très claire entre les deux leaderships palestiniens : d’un côté, Mahmoud Abbas, en Cisjordanie, qui souhaite mener des négociations mais ne peut rien mettre sur la table ; de l’autre, le Hamas, à Gaza, qui pourrait négocier mais ne le veut pas. Dans ces conditions, il est évident qu’il faut renforcer Abbas et négocier avec lui tout en combattant le Hamas avec la plus grande détermination. Il faut cependant souligner que, sans une pression de l’opinion israélienne en faveur du processus diplomatique, la priorité du gouvernement reste la survie de la coalition, aussi sincère le Premier ministre Ehud Olmert soit-il dans sa volonté de progresser vers une solution négociée avec les Palestiniens. Or la reprise des négociations reste pour le moment une préoccupation des cercles du pouvoir, qui n’a pas pénétré le grand public. Les Israéliens sont sceptiques sur les chances de relance du processus de paix, ils n’ont pas le sentiment qu’il s’agit d’une chance à saisir. Il n’y a pas non plus de sentiment d’urgence parce que la situation sécuritaire est malgré tout stable, l’économie se porte très bien et les relations d’Israël avec la communauté internationale sont bonnes. Tout cela contribue à un manque d’enthousiasme du public concernant la reprise des négociations.

Quelles sont les options d’Israël dans la bande de Gaza pour faire cesser les tirs de roquette ?

Israël tente d’éviter à tout prix une opération militaire d’envergure dont personne ne sait comment elle pourrait tourner. La stratégie poursuivie actuellement consiste en des frappes ciblées contre les cellules qui lancent les roquettes, tout en faisant pression sur le Hamas. La deuxième option, qui a été explorée ces derniers jours apparemment sans succès, consiste à tenter de parvenir à un cessez-le-feu avec le Hamas. La dernière option, celle d’une opération militaire, ne tient qu’à un fil : il suffit qu’une roquette fasse de nombreuses victimes israéliennes ou s’abatte sur un hôpital ou un jardin d’enfants pour que le gouvernement, sous à la pression de l’opinion, se trouve dans l’impossibilité de poursuivre sa politique de retenue.

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