Le général Galant contraint de renoncer au poste de chef d'état-major de Tsahal

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ehoud.jpgArticle paru dans "Le Monde"

Jérusalem, Correspondant - Cette fois, c'est bien fini : le général Yoav Galant ne sera jamais chef d'état-major de l'armée israélienne. A contrecœur, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le ministre de la défense, Ehoud Barak, en ont pris la décision dans la soirée de mardi 1er février. Celle-ci était devenue inévitable après le verdict rendu peu avant par le procureur général Yehuda Weinstein : l'Etat d'Israël ne défendra pas l'ancien commandant de la région sud devant la haute Cour de justice.

Celle-ci était appelée à statuer sur une pétition déposée contre cette nomination, au motif que le général Galant a frauduleusement accru le terrain de sa propriété, et menti à ce sujet à la justice. La presse israélienne, la justice et aussi … le mouvement des Verts, ont eu raison de l'ambition de cet officier de 53 ans, qui devait remplacer l'actuel patron de Tsahal, le général Gabi Ashkenazi, le 14 février.

Outre que c'est la première fois dans l'histoire de l'Etat juif que le candidat désigné à un tel poste est obligé de renoncer, à l'aune du poids déterminant que pèse l'institution militaire dans la société et l'appareil d'Etat israéliens, cet échec provoque l'onde de choc d'un séisme politique.

Celle-ci atteint d'abord Ehoud Barak, accusé d'avoir omis de soumettre l'impétrant à une enquête personnelle approfondie, mais aussi M. Nétanyahou, critiqué pour faire trop confiance à son puissant ministre de la défense, et être resté sourd aux multiples allégations ternissant la réputation dudit général.

L'OFFICIER SUPÉRIEUR À GRIGNOTÉ LE TERRAIN PUBLIC

Tout se noue il y a deux ans dans la très belle propriété que possède Yaov Galant dans le moshav (ferme collective) Amikam, situé près de la ville de Zikhron Ya'akov, dans le nord-ouest d'Israël, et commence par une banale querelle entre voisins. Certains d'entre eux, qui ont la fibre environnementale, constatent que l'officier supérieur à grignoté le terrain public pour agrandir (sans permis) sa maison, annexant 2,6 hectares, puis 3,5 hectares, pour étendre son jardin et… planter des oliviers.

L'armée vole à son secours, expliquant que le futur chef d'état-major de Tsahal a besoin d'une route de dégagement dans sa propriété, pour raisons de sécurité. L'hôte des lieux prétend qu'il s'est trompé, à confondu, a déraciné une partie de ses oliviers, rien n'y fait. Toute la presse publie la photo aérienne de la très patricienne maison de Yaov Galant dans sa ferme collective, et les Verts se pourvoient en justice.

L'affaire, devenue la saga préférée de la presse israélienne depuis des mois, est considérée comme exemplaire : l'homme qui doit diriger l'"armée la plus morale du monde" (antienne de tous les responsables politiques et militaires israéliens) peut-il être ce général qui a menti à ses chefs, à la justice et au peuple israélien ?

Les Verts "ont remporté une importante victoire pour la préservation des espaces naturels, l'égalité et l'Etat de droit. Ils ont brandi le drapeau de l'éthique et des valeurs et sont extrêmement satisfaits que la justice israélienne les ait soutenus sans réserves", s'est félicité le docteur Uri Shanas, président du mouvement. Reste que l'Etat d'Israël et son armée ont désormais un problème crucial : par qui remplacer au pied levé Yaov Galant ?

LE PLUS SIMPLE EST DE PROMOUVOIR YAIR NAVEH, MAIS...

Prolonger le mandat du général Gabi Ashkenazi au-delà du 14 février ? Il n'en est pas question, les relations entre le patron sortant de Tsahal et son ministre de tutelle étant notoirement orageuses.

Le premier ministre se dirige donc vers une solution d'attente : le général Yair Naveh, qui pantouflait depuis 2007 dans le secteur privé, a été rappelé en service actif, en octobre, pour servir d'adjoint au général Galant. Le plus simple est de le promouvoir. Sauf que cet officier, qui est un juif religieux (il serait le premier à occuper un poste aussi prestigieux), jouit d'une réputation qui n'est pas sans tache.

En 2006, alors patron du commandement central de l'armée, cet homme connu pour ses jugements péremptoires aurait autorisé des assassinats ciblés d'activistes palestiniens, au mépris des instructions contraires de la Haute cour de justice. En 2009, il avait demandé qu'on ne lui "casse pas les pieds" avec les jugements de cette juridiction.

Si son nom est retenu, ce sera pour assurer une période intérimaire de soixante jours à la tête de Tsahal, le temps de trouver le "bon" candidat pour succéder au général Gabi Ashkenazi. Or, selon Ehoud Barak, lui-même ancien "numéro un" de l'armée (1991-1995), il faut un minimum de six mois pour préparer le chef de l'armée israélienne à ses lourdes responsabilités.

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