Israël: la Cour suprême bloque provisoirement le compromis dans le scandale Katzav

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Israël: la Cour suprême bloque provisoirement le compromis dans le scandale Katzav

JERUSALEM, le 03/07/07- La Cour suprême d'Israël a provoqué dimanche un rebondissement dans le scandale sexuel impliquant Moshé Katzav en ordonnant de reporter de 24 heures le dépôt de l'acte d'accusation obtenu à la faveur d'un compromis permettant à l'ex-président d'échapper à la prison.

"La Cour suprême a été saisie en appel par le Mouvement pour la bonne gouvernance et plusieurs organisations féministes et a donné au procureur général Menahem Mazouz 24 heures pour s'expliquer sur le compromis conclu avec M. Katzav", a indiqué un porte-parole du ministère de la Justice. "Le dossier de M. Katzav ne sera en conséquence pas présenté au Tribunal de police tant que M. Mazouz n'aura pas apporté sa réponse", a-t-il ajouté. Le Mouvement pour la bonne gouvernance et plusieurs organisations féministes ont estimé que ce compromis était "irrecevable" et "choquant" pour l'opinion publique. Selon ce compromis conclu avec le Parquet, M. Katzav a reconnu sa responsabilité pour "harcèlement sexuel", "actes indécents" et "subornation de témoin" et M. Mazouz a, en contrepartie, renoncé à l'accuser de viol, arguant de "manque de preuves suffisamment solides" et de "l'intérêt de l'Etat". Ce procès sans précédent d'un ex-chef de l'Etat répondant de graves délits sexuels devait normalement débuter dimanche au Tribunal de police de Jérusalem, après l'entrée en vigueur de la démission de M. Katzav présentée vendredi.

Mais, la Cour suprême risque par son arrêt pris dimanche de gripper la machine judiciaire et de retarder le jour où le tribunal de police de Jérusalem pourra lire l'acte d'accusation restreint commençant par les mots: "Etat d'Israël contre Moshé Katzav, ex-président, ex-ministre". M. Mazouz a lui-même qualifié M. Katzav de "délinquant sexuel multirécidiviste" et affirmé publiquement qu'il avait "menti" au cours de l'enquête faisant allusion à ses proclamations d'innocence. Le Parquet a averti M. Katzav qu'il devra clairement reconnaître devant le tribunal les charges retenues contre lui, faute de quoi le compromis serait annulé. Eprouvé par un an de révélations scandaleuses, M. Katzav a tenté de se disculper en indiquant avoir accepté ce compromis "pour épargner des souffrances supplémentaires à sa famille". "Ce compromis est un crachat à toutes les femmes et à la police qui a recommandé des poursuites pour viol", a indiqué dans un communiqué Naamat, principale organisation de femmes en Israël.

"Ce compromis est le fruit d'une erreur, et a été conclu à la suite de pressions très fortes exercées sur M. Mazouz (...) Katzav est un criminel sexuel en série, qui bénéficie d'un traitement de faveur", a déclaré dimanche à la radio publique la députée travailliste Shelly Yachimovitch. Surnommée A, une ancienne employée de M. Katzav à l'époque où il était ministre du Tourisme (1998-1999), a pour la première fois raconté dimanche à la radio militaire comment ce dernier l'a harcelée, bien que mariée. "Pendant six mois, il m'a fait la cour, multipliant compliments, déclarations passionnées, cadeaux, promesses et gestes déplacés, menaces voilées, me suppliant de céder (...) C'était pathétique", a-t-elle affirmé. Répondant à l'appel d'organisations féministes, plus de 20.000 personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv contre le compromis conclu avec M. Mazouz.

Plusieurs initiatives ont d'autre part été lancées à la Knesset (Parlement) visant à priver d'une partie de leurs privilèges les officiels israéliens jugés coupables de délits ou crimes infamants. En tant qu'ancien président, M. Katzav a droit à une confortable pension mensuelle de 11.200 dollars, d'un bureau, de deux secrétaires, d'une voiture et d'un chauffeur, ainsi que d'un appartement de fonctions et d'un défraiement de ses communications téléphoniques, soit environ 235.000 dollars par an.

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