
Lydia pensait qu'elle avait déjà tout vu de son ex-mari David Bukobaza, 52 ans, accusé de tentative de meurtre.
Pourtant, rien ne l'avait préparée à ce moment là, le plus absurde de son histoire, se retrouver face à son mari pour un contre interrogatoire au tribunal dans le cadre du procès.
Lydia s'est retrouvée à la barre des témoins et c'est son ex-mari qui l'a interrogée.
Deux ans, après qu'il était accusé de lui avoir pointé une arme sur la tête, il lui posa question après question au tribunal, utilisant une pratique classique consistant à culpabiliser la victime.
«Dès qu'il a commencé à me poser des questions, je me suis sentie à nouveau mariée avec lui, quand il me faisait subir des interrogatoires tous les soirs», raconte-t-elle
"Chaque soir, je devais répondre aux mêmes questions récurrentes. J'avais l'impression de le revivre au tribunal "
«J'ai tourné la page. J'ai eu de la chance d'avoir eu la vie sauve. J'ai réussi à m'enfuir in ex-tremis. J'ai lu des histoires d'autres femmes, qui se sont jouées à quelques secondes et qui n'ont pas eu la même chance que moi. Cela aurait pu se terminer différemment.Ce qui est important pour moi, c'est qu'il soit enfermé derrière les barreaux et que je ne sois plus en danger "
Aujourd'hui, Lydia, 40 ans, a décidé de raconter son histoire avant le verdict dans l'affaire. Elle porte en elle cette triste histoire depuis des années.
En 2014, David Bokobza a enlevé leurs filles en Thaïlande, après que Lydia ait décidé d'entamer une procédure de divorce. Il a été reconnu coupable et condamné à 17 mois de prison.
Mais ce n'est pas la fin de l'affaire. Lorsqu'il a été libéré, David Bokobza s'est lancé dans une quête de vengeance.
Il a tenté d'assassiner son ex-femme et a mis le feu à son appartement, et a également été accusé du meurtre de son ami, feu Avi Alter.
Selon l'acte d'accusation, en avril 2017, David Bokobza a tenté de se venger de son ex-femme et de toute personne qui l'aurait aidée. Il s'était équipé d'acide, d'un arc et de flèches.
Il a d'abord assassiné Aviv Alter, il l'a frappé avec les flèches, l'a battu à coups de gourdin et lui a versé de l'acide sur son corps.
Il s'est ensuite rendu à la maison de Lydia, son ex-femme, équipé de menottes, de corde, de ruban adhésif, de matériel inflammable et du pistolet de Avi Alter assassiné précédemment.
Il pressa l'arme sur son front et lui ordonna de se taire.
Cet horrible spectacle s'est déroulé, selon l'acte d'accusation, sous les yeux de leurs filles qui lui criaient: «Papa, ne la tue pas».
Lydia a lutté avec lui alors qu'il l'étranglait et lui cognait la tête contre le mur, réussissant ainsi à s'échapper juste avant qu'il n'ait eu le temps de lui verser un liquide inflammable afin de la brûler.
David Bokobza a mis le feu à l'appartement, avec ses filles à l'intérieur, mais heureusement, elles ont également réussi à s'échapper.
Plus tard, dans la même journée, il s'est rendu au parking de la Cour suprême à Jérusalem et a mis le feu à son véhicule alors qu'il était à l'intérieur. Il a été grièvement blessé mais a survécu.
Intelligent et manipulateur
L'exposition, et la confrontation avec les souvenirs sont difficiles, notamment la confrontation avec le suspect ,tout cela pèse sur les victimes pendant le difficile processus judiciaire.
Mais que se passe-t-il, lorsque un contre-interrogatoire de la victime est effectué par son propre assassin ?
Personne ne peut imaginer une situation où Aviad Moshe (le mari) interrogerait Shira Isakov.
C'est pourtant exactement ce qui s'est passé pour Lydia.
Elle a subit un contre interrogatoire de la personne qui a tenté de l'assassiner.
David Bokobza a obtenu ce qu'il voulait: interroger la femme qu'il avait tenté d'assassiner - selon l'acte d'accusation déposé contre lui par le parquet du tribunal de district de Beersheba.
David Bokobza a personnellement attaqué les juges dans l'affaire, remplacé sept avocats de la défense au nom du bureau du défenseur public et a demandé à les poursuivre en justice, et a finalement demandé à se représenter et a abusé un peu plus de la femme qu'il avait tenté d'assassiner.
«Je ne voulais pas le voir», dit Lydia, qui s'est retrouvée à répondre à ses questions à la barre des témoins, alors qu'il cherchait à convaincre le tribunal qu'elle n'avait pas vraiment eu peur pour sa vie.
"Peut-être que tu savais vraiment que je ne te ferais pas de mal? Je t'ai giflée."
Lydia ne pouvait pas croire qu'elle se trouvait obligée d'expliquer ce qui était manifestement évident.
"Oui, j'avais peur, parce que j'avais un pistolet pressé sur mon front et j'ai tout fait tout ce que tu m'as dit de faire ", a-t-elle répondu.
Le contre-interrogatoire s'est donc poursuivi alors qu'il avait réussi à intervertir les rôles, il devenait la victime et elle le suspect.
"Je ne peux pas avoir tenté de t'assassiner et de te demander de faire d'autres choses en même temps. Je traverse un Holocauste depuis quatre ans, je subis une mort quotidienne et je veux en finir", at-il affirmé.
«En fait, il gère l'affaire tout seul», a-t-elle déclaré à Yedioth Ahronoth.
"C'est une personne très rationnelle mais manipulatrice, qui sait comment manipuler les gens. Chaque discussion avec lui est une pièce de théâtre."
Le contre-interrogatoire est une situation difficile pour toute victime d'un crime.
Mais lorsque l'accusé est celui qui enquête dans un contre-interrogatoire sur la victime, la situation devient doublement difficile et même absurde.
Chaque accusé a le droit de se représenter lui-même et, par conséquent, d 'interroger les témoins.
«J'ai senti qu'il avait tort de m'interroger», dit Lydia. "Je lui ai demandé de ne pas me contacter. "
Comment vous êtes-vous sentie à ce moment-là?
"C'était hallucinant. Il y avait des questions inutiles et le juge ne l'a pas arrêté. À chaque audience, il a fait son show. Il sait pleurer au bon moment. La vérité est que je ne voulais vraiment pas témoigner mais on m'a dit que c'était important."
Ils m'ont mis un rideau pour qu'il ne voit pas mon visage.
"Pourquoi ai-je même dû passer par là? Je me suis sentie mal. Tout au long de l'interrogatoire, il m'a culpabiliser."
La situation absurde peut être constatée par les questions posées par le suspect à sa victime :
David Bokobza: "Lydia, comment vont les filles?"
Lydia: "Les filles vont bien."
David Bokobza: "Quand je suis arrivé à ton appartement, tu te souviens que j'ai dit aux filles que je n'avais pas l'intention de te faire du mal?"
Lydia: "Peut-être, je ne me souviens pas. Peut-être seulement qu'après que l'une de nos fille a crié' papa, ne tue pas maman" tu as essayé de la calmer."
David Bokobza: "Alors je lui ai dit 'Mamie, ne t'inquiète pas. Je ne ferai pas de mal à ta mère'. Tu te souviens de ça?"
Lydia: "Peut-être."
David Bokobza: "Ai-je eu des occasions de te blesser dans le passé? Je savais où tu vivais, je savais tout. Ça l'a toujours été. J'avais des opportunités si je voulais te tuer."
Lydia: "Oui."
David Bokobza: "Quand tu as eu l'arme sur ta tête, tu as essayé d'utiliser le téléphone. Je t'ai ôté l'arme du front. Tu t'es levée et tu t'es dirigée vers la porte de ton plein gré entre la chambre et la porte d'entrée, ai-je essayé de t'arrêter? Ai-je essayé de te blesser? "
Lydia: "Je me souviens. Tu as dit" Tais-toi, viens avec moi. "Je t'ai suivi jusqu'à la porte."
Et l'interrogatoire bizarre de l'accusé sur sa victime se poursuit, David Bokobza essayant d'amener Lydia à admettre qu'elle ne ressentait aucune menace de sa part, même lorsqu'il pressait une arme sur elle !
David Bokobza: "Il y avait une arme devant toi, tu utilisais toujours le téléphone, tu as pu te déplacer sans contrainte. Pourquoi n'avais tu pas peur ? Peut-être savais-tu vraiment que je ne te ferais pas de mal parce que je l'ai promis à notre fille ?"
Lydia: "Première chose, je n'ai pas utilisé le téléphone. J'ai essayé de l'utiliser mais immédiatement tu me l'a arraché des mains.
Deuxième chose, oui j'avais peur parce qu'un pistolet était sur ma tête, pressé sur mon front et j'ai fait, tout ce que tu m'as dit de faire.Tu m'as dit "viens avec moi et je t'ai suivi. "
David Bokobza se plaignit alors qu'elle avait précédemment emmené les filles dans un foyer pour les protéger, et qu'il n'avait plus aucune nouvelle d'elles.
"Pendant cinq ans (l'accusé pleure et on lui sert un verre d'eau) je n'ai eu aucune information d'elles. Je ne savais même pas comme elles allaient, rien"
Lorsqu'il a parlé de ses filles, il a fondu en larmes et les juges ont essayé de faire preuve d'empathie. "Peut-être devrions-nous simplement noter que l'accusé a pleuré au cours des dernières minutes", a suggéré l'avocat de la défense.
Ce sont les seuls moments où David Bokobza a exprimé son chagrin et son émotion. Mais il n'a pas montré de chagrin pour les traumatismes qu'il leur avait causé.
Lydia a dit: "Les filles ont bon coeur ce sont des bonnes filles."
Pendant le témoignage, l'accusé a demandé à ramener Lydia à un incident où il a enlevé leurs filles en Thaïlande, puis a commencé à parler d'argent et de pension alimentaire.
"J'ai dû mal à comprendre la pertinence de la question de la pension alimentaire", a déclaré la juge Yael Raz-Levy.
Il l'a ensuite interrogée sur une relation intime qu'elle aurait eue.
"Je veux montrer qu'elle a tout essayé pour me sortir du chemin", expliqua David Bokobza.
«Elle a essayé de toutes les manières possibles de me sortir du chemin et a réussi à la fin.
Est-ce vrai que depuis le jour où nous nous sommes rencontrés, tu as tout fait pour m'écraser mentalement?"
Lydia: "Non. Ce n'est pas vrai. Après l'enlèvement, je me suis rendu compte à quel point tu étais une personne mauvaise et j'ai réalisé que même si tu aimais les filles, elles seraient mieux sans toi, car tu es une personne très dangereuse. "
«C'est choquant», déclare le professeur Dana Pogatch du Campus universitaire Ono, spécialiste des droits des victimes de la criminalité.
"Comment le Bureau du Défenseur public a-t-il permis qu'une telle chose se produise? Qu'une personne soit autorisée à se représenter elle-même.
Même lorsqu'un avocat de la défense fait un contre-interrogatoire, c'est reconnu comme la partie la plus difficile du procès pour la victime.
"Alors quand c'est le suspect lui même qui mène la danse : c'est un traumatisme sur un traumatisme "
Nous avons voulu en savoir plus sur cette procédure qui autorise un suspect de tentative de meurtre d'organiser sa propre défense sans l'aide d'avocat, pour cela nous avons demandé à Maître David FHAL , avocat pénaliste en Isra¨l.
Claudine Douillet : Comment est il possible qu'un suspect de meurtre, dans le cadre du procès, puisse interroger, sa victime?
Maître David Fhal : Dans 99% des cas ce sont les avocats qui interrogent mais cela peut arriver que le suspect interroge sa victime.
L'interrogatoire de la victime est à la base des procedures penales.
Sans quoi tout le monde pourrait accuser tout le monde sans avoir à prouver ses dires.
Le suspect a le droit de se représenter seul même aux assises.
Les juges font tout pour le convaincre de laisser son avocat faire mais c'est légal dans le cas où il choisi de se défendre seul.
Cela peut paraître choquant mais l'interrogatoire de la victime représente la pierre angulaire du procès pénal.
Claudine Douillet : Oui, c'est tout de même choquant qu'un suspect se trouve face à sa victime pour le contre interrogatoire ?
Maître David Fhal : Rien de choquant à mes yeux ! Souvent les avocats sont plus virulents que l'accusé lui même. C'est le fondement de la démocratie et d'un procès équitable. Autrement cela s'appelle une dictature. C'est le prix à payer pour une justice équitable.
Claudine Douillet : mais tout de même cette femme subit un double traumatisme, non seulement elle échappe à son propre meurtre mais en plus elle doit répondre aux questions de son assassin dans le cadre du procès .
Maître David Fhal Il faut déjà prouver le premier, traumatisme C'est le but du procès
Coordonnées de Maître David Fhal en cliquant sur ce lien
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