Cinq physionomistes des Champs-Elysées condamnés pour discrimination

Antisémitisme/Racisme - le - par .
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PARIS, le 18/06/07 - Cinq physionomistes filtrant les entrées de quatre discothèques des Champs-Elysées ont été condamnés jeudi à des amendes pour discrimination raciale, à la suite d'une opération de testing menée par SOS Racisme en 2005 à Paris.

La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné un physionomiste du Man Ray à 1.000 euros d'amende et quatre autres travaillant pour le Queen, le Milliardaire et le Club 79 à 1.500 euros d'amende avec sursis. Le parquet avait requis à leur encontre 3.000 euros d'amende. Ils risquaient jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Deux autres prévenus ont été relaxés. Les quatre établissements de nuit de ce quartier huppé de la capitale n'étaient pas poursuivis. Des plaintes avaient été déposées et le parquet avait décidé d'engager des poursuites après une opération de testing menée dans la nuit du 9 au 10 juillet 2005 par SOS Racisme. Le testing, reconnu comme preuve en justice dès 2002 et inscrit dans la loi depuis 2006, consiste à présenter à l'entrée des discothèques des jeunes d'origine maghrébine ou africaine puis d'autres d'origine européenne, habillés de la même manière, afin de prouver une éventuelle sélection sur des critères raciaux.

 

Lors de l'audience du 10 mai, les militants de SOS Racisme, participants ou témoins de l'opération, avaient raconté comment, ce soir-là, certains avaient pu rentrer alors que d'autres avaient précédemment été priés de rester à la porte, sans explication. Les prévenus avaient tous réfuté la moindre discrimination, expliquant que la seule sélection consistait à refuser les personnes "sous l'emprise d'alcool" ou "mal habillées". Dans son jugement, le tribunal a estimé que "certes les physionomistes disposent naturellement d'une certaine liberté d'appréciation dans l'admission ou le refus des clients, mais qu'en l'espèce, compte tenu des éléments de comparaison identiques entre les deux groupes de jeunes gens, les prévenus n'avaient pas d'autre motif que celui visé à la poursuite", en l'occurence la discrimination, "pour refuser l'entrée des établissements aux uns et non aux autres". L'association SOS Racisme, partie civile, a exprimé sa grande satisfaction à l'issue du jugement. "La démonstration de la discrimination a été reconnue grâce au testing. C'est la première fois devant un tribunal parisien", s'est réjoui le vice-président Samuel Thomas, qui a simplement regretté que "dans cette affaire, les +videurs+ aient protégé leur établissement".

 

Des dommages et intérêts --2.000 euros par condamné-- ont été alloués à l'association. Ils seront payés par les discothèques déclarées "civilement responsables" par les juges. Le jugement ne sera toutefois pas affiché à l'entrée des établissements, contrairement à ce qu'avait requis le parquet.

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